L’opération a rchéologique menée « rue de Tournai », dans le centre historique de la ville de Tourcoing, a mis au jour une occupation urbaine typique du Nord à la période moderne : unités d’habitations étroites, installées en front de rue et inscrites dans un parcellaire laniéré. Les différents arguments apportés par la stratigraphie et le mobilier montrent que les premières fondations ne sont pas antérieures à la fin du xv e s. Structures et mobilier artisanaux se superposent aux éléments plus classiques caractérisant les sites urbains de la région. Sur le territoire du village drapier du Moyen Âge, puis de la ville-atelier que devient Tourcoing au xvi e s., il n’est ainsi pas étonnant qu’une partie des structures et du matériel archéologique mis au jour soit en lien avec des activités textiles. La présence conjointe des cuvelles, des puits et des ruisselets de surface en pierre et briques prouve que le lavage des laines est pratiqué sur place. Les réchauds en céramique brisés et des tiges de peignes tordues attestent que le peignage des laines longues est une activité ouvrière artisanale, pratiquée de façon pérenne sur le site depuis le milieu du xvi e s. au moins. En pleine conformité avec les connaissances historiques, l’ensemble des données permet de dresser le profil socioprofessionnel des occupants du site, qui sont très vraisemblablement des marchands-peigneurs. Si la vaisselle semble peu caractéristique de ce point de vue, la présence des plombs d’authenticité des draps de qualité marque le train de vie relativement aisé des résidents au xvi e s. De plus, l’abondance des jetons au sein de l’assemblage monétaire pointe clairement la nécessité d’une gestion commerciale, impliquant le comptage des capitaux et des marchandises.