La contribution porte sur l’analyse des recompositions spatiales et socioculturelles induites par la multiplication des centres commerciaux dans la périphérie de Rabat. Apparus au cours de la décennie 90, ces espaces marchands se sont fortement multipliés au cours de ces dernières années au point de constituer l’un des pôles les plus attractifs à l’échelle de la capitale. Il suffit d’observer l’importance des flux qui y convergent à la fin de la semaine pour attester de l’importance qu’ils occupent désormais dans les pratiques spatiales et sociales d’une frange considérable des Rbatis.Avec une offre commerciale diversifiée et bien mise en scène, ces lieux sont de plus en plus plébiscités par un public hétérogène, pour une pluralité d’usages non marchands rappelant les pratiques déambulatoires des rues publiques (rencontre, déambulation, lèche-vitrine, etc.). Sur la base d’une série d’investigations conduites dans ces lieux (quatre malls de Rabat) mêlant observation dense des modalités de leur usage social et analyse des représentations qui leur sont associées par un échantillon d’usagers, la contribution montre l’émergence en leur sein de nouvelles formes de sociabilité révélatrices d’un rapport inédit à la ville et ses fondements caractéristiques (espace public, centralité urbaine, identité urbaine, etc.). Incarnant des valeurs et des images renvoyant à l’Occident et la culture de consommation, ces lieux sont surtout investis par les jeunes Rbatis qui en font des espaces privilégiés de rencontre, de côtoiement mixte et d’affichage social où le paraitre et les biens de consommation (accessoires et objets signés) occupent une place prépondérante.