La contribution porte sur le vécu et les pratiques de revendication du droit à la ville par des populations « bidonvilloises » relogées dans les grandes opérations de résorption en périphérie de Rabat. Elle examine plus particulièrement la manière par laquelle se construisent les légitimités ordinaires dans ces immenses opérations résidentielles peu équipées et situées physiquement et symboliquement « hors de la ville », incarnant une nouvelle « marginalité » pour ces populations défavorisées. Au-delà des mobilisations sociales de contestation qui expriment leurs revendications à un logement digne ou au droit à la ville (transport, équipements, sécurité, emploi, etc.), ce sont surtout leurs pratiques quotidiennes de réadaptation, que nous cherchons à analyser et explorer en faisant ressortir les différentes stratégies qu’elles mobilisent (solidarités sociales en matière de gestion des quartiers et d’entretien des espaces publics, de création d’équipements de base, des stratégies de déplacement vers la ville-centre, le recours à l’informel, etc.) afin de s’adapter à ce nouveau contexte spécifique. Sur la base d’une série d’observations et d’entretiens réalisés avec un échantillon exploratoire de populations qui ont été transférées de la capitale et ses territoires limitrophes vers deux grandes opérations de résorption situées dans ses périphéries urbaines (ville nouvelle de Tamesna et le centre périurbain d’Ain Aouda), nous envisageons d’étudier la manière avec laquelle se construit et se justifie le droit à la ville dans ces espaces périphériques ainsi que les formes de réactivation ou de réinvention des pratiques de résistance auparavant à l’œuvre dans leurs bidonvilles.
La contribution porte sur l’analyse des recompositions spatiales et socioculturelles induites par la multiplication des centres commerciaux dans la périphérie de Rabat. Apparus au cours de la décennie 90, ces espaces marchands se sont fortement multipliés au cours de ces dernières années au point de constituer l’un des pôles les plus attractifs à l’échelle de la capitale. Il suffit d’observer l’importance des flux qui y convergent à la fin de la semaine pour attester de l’importance qu’ils occupent désormais dans les pratiques spatiales et sociales d’une frange considérable des Rbatis.Avec une offre commerciale diversifiée et bien mise en scène, ces lieux sont de plus en plus plébiscités par un public hétérogène, pour une pluralité d’usages non marchands rappelant les pratiques déambulatoires des rues publiques (rencontre, déambulation, lèche-vitrine, etc.). Sur la base d’une série d’investigations conduites dans ces lieux (quatre malls de Rabat) mêlant observation dense des modalités de leur usage social et analyse des représentations qui leur sont associées par un échantillon d’usagers, la contribution montre l’émergence en leur sein de nouvelles formes de sociabilité révélatrices d’un rapport inédit à la ville et ses fondements caractéristiques (espace public, centralité urbaine, identité urbaine, etc.). Incarnant des valeurs et des images renvoyant à l’Occident et la culture de consommation, ces lieux sont surtout investis par les jeunes Rbatis qui en font des espaces privilégiés de rencontre, de côtoiement mixte et d’affichage social où le paraitre et les biens de consommation (accessoires et objets signés) occupent une place prépondérante.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.