Dans leur ouvrage intitulé Architectures of Knowledge, Amin et Cohendet (2004) proposent une approche de la mobilisation des connaissances dans les entreprises et, au-delà, dans les organisations humaines, en donnant la priorité aux pratiques incorporées, socialement inscrites et ancrées dans les artefacts. Ceci les conduit à remodeler largement la théorie de la mobilisation des connaissances collectives. Au centre de cette nouvelle conceptualisation se place la notion de communauté, vue comme lieu d’accomplissement de ces pratiques intersubjectives et sociales. Pour ce faire, ils offrent un arrière‑plan épistémologique large, riche et bien articulé que l’on peut qualifier de « praxéologie », ainsi qu’une méthodologie fondée sur une ethnographie, une clinique des flux de connaissances dans les organisations. C’est en tant que psychologue que je propose dans ce texte une lecture de cette conceptualisation. Je le fais en soulignant le fait qu’existe une importante proximité entre leurs racines épistémologiques (pragmatisme américain, énactionnisme maturanien et varélien, action située, socio-culturalisme et mouvement des Science Studies) et un ensemble de travaux qui considère les processus cognitifs comme étant avant tout des pratiques inscrites socialement plutôt que des processus intracrâniens de traitement de l’information. Ce faisant, je plaide pour le possible appui de ce type de réflexion sur une perspective meadienne.