Enjeux autour de la pratique enseignante en contexte d’enseignement distancié

Abstract

Au primaire, le retour en classe à l’automne 2020, marqué par une distanciation physique entre les élèves et les enseignants.es, pose certains enjeux. Cet enseignement distancié influence notamment la pratique enseignante par l’ajustement des gestes professionnels au regard des diverses préoccupations éducatives, soit le pilotage, l’atmosphère, le tissage, l’étayage et les savoirs visés. Cet article présente les résultats issus d’une recherche descriptive, dont la collecte de données a permis d’interroger dix enseignantes du primaire à propos de l’ajustement de leurs pratiques en contexte d’enseignement distancié. Les résultats révèlent des adaptations prédominantes des pratiques relativement à l’atmosphère et aux savoirs visés.

Quand la pandémie perdure : les préoccupations sous- jacentes aux gestes professionnels d'enseignant.e.s à l'éducation préscolaire et à l'enseignement primaire

“…Puis, pour la rentrée scolaire suivante (automne 2020), le Québec a misé sur un enseignement distancié, soit un « enseignement en présentiel, balisé par une distance physique à maintenir entre les élèves et les enseignants.e.s dans les classes » (Carpentier et al, 2021, p.3). Les enseignant.e.s devaient limiter les contacts rapprochés avec les élèves et, lorsque ce n'était pas possible, porter du matériel de protection, notamment un masque, des lunettes, une visière (Carpentier et al, 2021). Si la taille des groupes est restée la même qu'avant la pandémie, les contacts entre les élèves étaient limités par leur regroupement en « bulles-classes ».…”

“…Plusieurs recherches se sont intéressées à la pratique enseignante des personnes oeuvrant à l'éducation préscolaire et à l'enseignement primaire durant cette période (Carpentier et al, 2021 ;Caron et al, 2020 ;Karsenti et al, 2021 ;Lollia et Issaieva, 2020) priorisant l'enquête par questionnaire et les entretiens à distance pour des raisons évidentes liées aux mesures sanitaires. Ces recherches ont surtout dépeint les premiers mois de la pandémie, de la fermeture des classes en mars 2020 jusqu'au retour en enseignement distancié lors de l'automne 2020.…”

“…Ces recherches ont surtout dépeint les premiers mois de la pandémie, de la fermeture des classes en mars 2020 jusqu'au retour en enseignement distancié lors de l'automne 2020. Elles mettent en lumière les défis des enseignant.e.s, qui ont dû offrir de l'enseignement en ligne (Caron et al, 2020 ;Lollia et Issaieva, 2020), tenir compte des balises de l'enseignement distancié (Carpentier et al, 2021), répondre aux retards scolaires causés par les fermetures des écoles en mars 2020 (Bissonnette et Boyer, 2022 ;Russo et al, 2020;Turcotte et al, 2020) et composer avec la situation pandémique en général, laquelle pouvait affecter le bienêtre des élèves comme celui de l'ensemble du personnel (Dusseault et Leclercq, 2020 ;Papazian-Zohrabian et Mamprin, 2020).…”

“…Dans ce contexte, les enseignant.e.s ont été amené.e.s à adapter leur pratique ou à développer des compétences et de nouvelles façons de faire (Lollia et Issaieva, 2020). Les adaptations peuvent être relatives à la priorisation des savoirs enseignés, au choix des ressources utilisées (cahiers d'exercices, affichage) (Carpentier et al, 2021 ;Caron et al, 2020) et à l'établissement de nouvelles attentes en gestion de classe (Caron et al, 2020). Les compétences développées, elles, sont surtout liées à l'utilisation du numérique pour l'enseignement à distance (Karsenti et al, 2021), alors que dans les nouvelles façons de faire, on peut relever les suivis téléphoniques avec les élèves (Caron et al, 2020 ;Karsenti et al 2021).…”

“…Conduites en contexte social inédit souvent qualifié d'anxiogène (Caron et al, 2020 ;Carpentier et al, 2021 ; Institut national de santé publique du Québec, 2021), les recherches mentionnées précédemment révèlent la pratique des enseignant.e.s en contexte de changement précipité (Beaudry et al, 2021), alors que la classe est désorganisée et que les repères s'effritent (Caron et al, 2021). Or, en 2021-2022, alors que la situation pandémique perdurait, certaines mesures sanitaires visant à prévenir la propagation de la maladie dans les écoles primaires québécoises ont été abolies (par exemple, le regroupement en bullesclasses), d'autres ont été ajoutées, notamment l'obligation de porter le masque en classe dans les régions où les taux de propagation étaient plus élevés (Gouvernement du Québec, 2021c ; 2022a).…”