L’idéal de la science repose sur sa neutralité axiologique. D’ordinaire, il ne vient pas à l’idée qu’une science puisse être de droite ou de gauche. Pourtant, on sait que la répartition des options idéologiques des chercheurs ne se fait pas au hasard au sein des différentes disciplines universitaires. Il existe des clivages assez solides et persistants qui distinguent des champs plus conservateurs ou progressistes que d’autres. L’analyse de la participation à la grève étudiante québécoise de 2012 par département et faculté de premier cycle confirme cette observation. Notre analyse procède en trois temps. Dans un premier temps, nous définissons les départements ou les facultés comme sous-cultures politiques en les distinguant selon leur participation au mouvement de grève. Dans un deuxième temps, nous cherchons à évaluer si des changements dans la puissance et la forme du militantisme ont affecté dans les dernières décennies les domaines des humanités, des sciences sociales et des sciences pures et appliquées. Finalement, dans la troisième partie, nous tentons de comprendre pourquoi certaines disciplines sont plus militantes et progressistes que d’autres. En conclusion, nous tentons de dégager la possibilité de définir une culture épistémo-politique de la science.