Espace public et cosmopolitisme : Naples à l'épreuve d'un inédit métissage ur... Cahiers de la Méditerranée, 67 | 2003 modèle «pré-moderne» de cosmopolitisme 3 , lié notamment au monde ottoman et, inscrit le plus souvent dans la géographie de la domination coloniale. Cela n'exclut pas que des villes de l'Est ou du Sud de la Méditerranée, comme Tel Aviv 4 , Istanbul-et nous pourrions également envisager le Beyrouth de l'après-guerre-puissent manifester à l'heure actuelle des signes de cosmopolitisme. Je soulignerai combien le nouvel intérêt qu'aujourd'hui les pays du pourtour de la Méditerranée portent aux relations euro-méditerranéennes, participe et est constituant d'un tel débat. Cet intérêt, soutenu à partir de 1995 par l'action de l'UE dans le cadre du « processus de Barcelone », véhicule en effet l'idée de valeurs méditerranéennes partagées. Au-delà des avancées tangibles (assez modestes en réalité) du « processus » sur le plan politique, économique et de la « société civile », il ne faut pas négliger que ce dernier évoque l'idée d'appartenances communes, d'héritages et de cultures partagées inscrites dans l'histoire. Il est donc producteur et porteur de ce que M.-D. Perrot, G. Rist et F. Sabelli appellent une «mythologie programmée », dans ce cas d'une mythologie idéologiquement fondée sur une commune appartenance méditerranéenne. Cela signifie que les discours politiques et culturels, les images et les imageries, les références idéelles-en un mot le système de représentations attribuant une valeur «positive» à la commune appartenance méditerranéenne-, jouent aujourd'hui un rôle pertinent dans l'institutionnalisation de discours ou d'analyses portant sur le cosmopolitisme. Tout cela aurait tendance à se confondre-tout en pouvant y être sous jacent-, avec des « situations » et des pratiques sociales, concrètes et visibles sur la scène urbaine, susceptibles d'être définies cosmopolites et qu'éventuellement, les mêmes acteurs et habitants impliqués pourraient eux-mêmes définir de la sorte. Quand, alors, nous nous interrogeons sur une notion telle que le cosmopolitisme, sur son usage et sur sa pertinence dans le passé comme aujourd'hui, il est utile de différencier notre propre regard, notre posture, notre position dans l'espace en tant qu'observateurs de situations, de la manière dont ces dernières sont identifiées et définies par les acteurs mêmes. Car notre manière de voir « les choses » (d'analyser des réalités) contribue à instituer ces choses : elle les fait exister, les dispose en catégories, au-delà de leur propre présence dans l'espace 5. Depuis quelque temps, dans la littérature en sciences sociales, plusieurs auteurs ont commencé à employer le terme voire la notion de cosmopolitisme pour ce qui concerne les retombées territoriales et urbaines conséquentes aux flux migratoires internationaux. Je rappellerai à titre d'exemple un ouvrage collectif, sous la direction de Rémy Knafou, portant sur les mobilités géographiques et intitulé emblématiquement « La planète nomade ». Cet auteur, sans nommer express...