Le présent article rend compte de deux terrains successifs par deux chercheurs français dans le Sud de l'Estonie, au printemps et à l'automne 2018, dans le cadre d'un projet franco-estonien Parrot, financé par la Fondation Hubert Curien. L'exposé de cette double équipée commencera par le compte-rendu d'enquête d'Alexis Pierrard 1 et finira par celui de Jean Léo Léonard. Chaque mission a duré neuf jours -délai requis par le contrat -mais s'est avérée, comme nous le verrons, très intense. Outre la dimension narrative et réflexive sur le terrain, qui est au coeur de cette rubrique des Études finno-ougriennes, ce texte à quatre mains peut également servir d'appoint documentaire sur des questions théoriques et méthodologiques en dialectologie fennique et, plus particulièrement, estonienne.
Alexis Pierrard : les tribulations d'un andiniste en Estonie ProloguePour le lecteur habitué à la rubrique Terrains de la revue Études finno-ougriennes, qui, parmi les contributions les plus récentes, invite à la découverte des Oudmourtes du Bachkortostan 2 , des vepsophones de Carélie 3 , ou encore des Vieux-croyants d'Estonie orientale 4 , la présente contribution risque de paraître fort peu exotique. C'est en effet « chez » les universitaires de Tallinn et de Tartu que je me suis rendu lors d'un séjour en Estonie réalisé au mois de novembre 2018. Néanmoins, une telle destination est en soi suffisamment exotique pour le jeune chercheur andiniste (Amérique du Sud), spécialiste de quechua 5 et encore ignorant du monde finno-ougrien que je suis. Il n'est du reste pas illégitime à mon sens d'aller « à la rencontre » de ces individus spécialistes de divers champs de connaissance et de les interroger en fonction d'un angle d'approche bien défini, centré sur leur histoire et leur culture.1. En partie remanié et complété par le deuxième co-auteur.