“…Mais ce dialogue social « administré » (Mias et alii, 2016), producteur de « négociations fortement marquées par les obligations légales » (Romans, 2018) et de règles formelles peu en prises avec les enjeux de répartition du pouvoir dans les entreprises, ne modifie que rarement la structure des relations professionnelles locales. Les négociations apparaissent de plus en plus instrumentalisées par les directions dans des objectifs managériaux(Pélisse, 2009 ;Groux, 2010), même si, en matière de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, de gestion des séniors ou de prévention de la pénibilité, ou même de restructurations, des négociations d'engagements réciproques, bien que systématiquement minoritaires, ont aussi pu être analysées par des chercheurs. A contrario et de manière générale, représentants des directions et représentants des salariés continuent à « voir midi à leur porte » depuis vingt ans : l'ampleur des désaccords reste forte entre eux sur le rôle des représentants du personnel et des syndicalistes, le climat social, ou même la reconnaissance qu'il y a eu des conflits dans leurs entreprises(Coutrot, 1996 ; Blavier et Pélisse, à paraître).Ces constats invitent « à relativiser fortement l'idée d'une diffusion d'une culture du « dialogue social » dans les entreprises » (Mias et alii, 2016), et à maintenir l'idée que les relations locales sont fréquemment marquées par la grève froide et la drôle de négociation, au-delà d'un formalisme formations » aperçues par Morel en 1991, sont certes plus nombreuses aujourd'hui que dans les années 1970 ou même 1990 ; mais elles restent largement minoritaires, colonisées par des négociations formelles et le maintien de négociations-manifestations, belliqueuses et instrumentalisées par les acteurs.…”