Introduction : En Mauritanie comme dans les autres pays ouest-africains, un ensemble d’actions ont été menées afin de lutter contre la mortalité néonatale. Considérant le succès mitigé de ces programmes, nous nous sommes interrogés sur la manière dont les agents de santé investissent les soins néonataux. Méthode : Une étude anthropologique a été réalisée dans une localité de la vallée du fleuve Sénégal. Les enquêtes ont consisté en une ethnographie d’un centre de santé, qui a donné lieu à des observations détaillées des soins et à des entretiens avec les agents de santé. Résultats : Nos observations révèlent que dans les minutes et les heures cruciales qui suivent une naissance normale, l’attention des soignantes tend à se détourner du nouveau-né. Les soins recommandés tels que le maintien au chaud, l’examen et la surveillance du nouveau-né ne sont pas dispensés, tandis que la mise au sein précoce intervient de manière fluctuante. Le nouveau-né est rapidement remis à la famille. Les soins aux nouveau-nés sont ainsi « oubliés », à la fois dans l’enchaînement des gestes autour de l’accouchement et dans la répartition collective des responsabilités professionnelles. Discussion : Les soins du nouveau-né à la naissance demeurent peu médicalisés. Nous analysons la moindre implication des agents de santé vis-à-vis des nouveau-nés selon deux aspects : la perception de l’incertitude de la survie néonatale, et la prédominance des modes de maternages locaux. Nous formulons des propositions visant à replacer l’attention sur le nouveau-né, afin de promouvoir une meilleure qualité des soins néonatals.