La surexploitation des nappes génère un coût économique et environnemental qui se traduit par la diminution de la disponibilité de l’eau et l’augmentation de son coût de pompage. Les études portant sur la distribution de ces coûts à travers les types d’exploitations et leur impact sur l’équité d’accès aux eaux souterraines demeurent limitées en Tunisie. À travers l’élaboration d’indicateurs par le modèle de programmation mathématique appliqué à des exploitations types, ce travail a montré que les coûts résultant de la surexploitation des nappes sont inégalement répartis. Les petites exploitations, disposant de moins de 3 ha, sont les plus affectées. Elles encourent des coûts de pompage de 1,25 à 1,5 fois plus élevés que les exploitations disposant d’une superficie beaucoup plus large. Le ratio bénéfice-coût de l’irrigation est également le plus faible dans cette catégorie, suggérant la non-rentabilité de l’irrigation dans un futur proche. Ce travail a révélé que l’accès économique à l’eau souterraine est désormais tributaire de la dotation de deux facteurs clés : le capital foncier et le capital financier. Les exploitations disposant de moyens fonciers et financiers vont continuer à profiter des eaux souterraines, tandis que les petites exploitations risquent d’en perdre rapidement l’accès, se trouvant ainsi exclues de leur part de cette ressource collective. Afin de préserver l’égalité d’accès pour toutes les catégories d’exploitations, et de prévenir une accentuation de la dégradation de la nappe, une politique robuste de gouvernance devrait être mise en place, avec une implication plus forte des usagers locaux et de l’administration agricole régionale.