Les élu•es et leur démocratiePosée ainsi, la question de l'amour des élu•es pour la démocratie risque fort d'en appeler à une réponse relativiste, qui mettrait en scène des élu•es croyant en la démocratie, autant que les Grecs en leurs mythes (Veyne, 1983). À l'aune de la lutte de valeurs inscrite dans leur affect commun (Lordon, 2018) ou leur illusio (Bourdieu, 1997), les élu•es aimeraient leur démocratie, celle-là même qui les a fait•es élu•es : représentative, électorale et délégataire. Certes, avec des nuances selon le camp politique et la position, majoritaire ou minoritaire, voire selon l'histoire personnelle. Mais des nuances qui, outre qu'elles plient face aux tendances, ne font que confirmer que l'idée que l'on se donne pour vraie est « l'expérience la plus historique de toutes » (Veyne, 1983, p. 11).La question, au-delà de l'apostrophe faussement provocante, appelle donc précision et délimitation. Au sein du présent dossier thématique de Participations 1 , les notions convoquées dans son exploration relèvent principalement de la « démocratie participative »comprise comme corpus idéologique et ensemble de principes normatifs quant aux rôles des citoyen•nes et des élu•es (Blondiaux, 2008a ;Bacqué, Sintomer, 2011) et de la « participation publique », entendue comme la promotion et la concrétisation de ces principes au travers d'une « offre de participation », qui se matérialise notamment par des « dispositifs participatifs » (Gourgues, 2012(Gourgues, , 2013. La « participation citoyenne » renvoie dans ce cadre à l'intéressement et l'enrôlement d'individus par ces politiques (Talpin, 2011 ;Carrel, 2013), autrement dit à « l'engagement participatif » (Petit, 2017).1 Merci à Marion Paoletti et Rémi Lefebvre, associées à la coordination de ce dossier thématique, dans la suite de l'organisation avec Julien Talpin, du colloque : « Les élu•es aiment-ils la démocratie ? Le personnel politique face à la participation citoyenne », Université de Lille, 15-16 novembre 2018, avec le soutien du : GIS