Géraldine Djament-Tran Au sein du paradigme national-patrimonial (Bobbio, 1992), le patrimoine et les capitales entretiennent un rapport structurel et dialectique, abordé ici dans une optique constructiviste 1. Le patrimoine, ensemble des biens jugés dignes d'être transmis à la postérité, construit comme composante maîtresse de l'iconographie nationale, légitime les fonctions de capitale. Réciproquement, le statut de capitale, siège du pouvoir politique, induit un processus de patrimonialisation, par lequel un groupe social extrait un objet de la vie sociale normale pour lui accorder le statut d'emblème de son identité dans le temps (Micoud, 2005), qui à son tour participe de la production d'une communauté imaginée nationale (Anderson, 1996). Erigé en appareil idéologique d'Etat (Althusser, 1976), le patrimoine participe aux fonctions politiques-les lieux de pouvoir sont fréquemment des lieux patrimonialisés-, aux fonctions de représentation et aux fonctions culturelles de la capitale, vitrine, emblème et creuset supposé de la nation. Patrimoine urbain, lieux de mémoire et fonctions de capitale à Berlin, de l'U...