Hǔtái, une sortie de l'insignifiance L'apparition des marées vertes en baie de Qingdao La baie de Qingdao est, depuis 2008, le lieu d'une marée verte qui dépasse de loin, en ampleur, toutes les proliférations algales de ce type jusqu'alors recensées dans le monde. Celles-ci sont pourtant de plus en plus nombreuses, du fait de l'anthropisation croissante des cours d'eau et des océans : les apports de sels nutritifs en provenance des rivières, l'augmentation de la température moyenne des eaux côtières créent des conditions très favorables au développement massif d'une diversité d'espèces de micro-algues et de macro-algues.Ces efflorescences massives (les blooms) modifient brutalement les écosystèmes aquatiques. Elles font irruption, parfois de façon tout aussi brutale, dans le quotidien des populations côtières. Elles disparaissent quelques semaines ou quelques mois plus tard, une fois dissipées les conditions propices à la multiplication des algues. Mais il est bien rare, dès lors, qu'elles ne reviennent pas l'année suivante.Les proliférations d'algues du genre Ulva, à l'origine du phénomène des marées vertes, se parent dans le grand monde des attributs d'une pollution à la fois exceptionnelle et prosaïque. Exceptionnelle par son ampleur, car bien que le phénomène soit circonscrit spatialement, la capacité exponentielle de développement des algues vertes fait d'elles des êtres incontrôlables. Cette propriété leur permet de passer en quelques jours de brins épars à peine visibles, flottant entre deux eaux ou accrochés à une autre espèce, à une masse indistincte, agglomérée et couvrante, qui s'invite dans le monde social, les instituant comme objet politique et scientifique problématique néanmoins, prosaïque, car ce que l'on sait de leur origine, de leurs causes et de leur forme les associe, par un écheveau complexe de relations, avec les déchets organiques issus des activités humaines. Les marées vertes résultent en effet de l'apport dans les écosystèmes aquatiques de molécules (les nitrates et les phosphates) dont elles seules semblent pouvoir matérialiser la surabondance. Elles se décomposent rapidement sur les plages, formant une boue dont s'échappent gaz odorants et jus de fermentation.