Cet article explore les usages des médias socionumériques par des collectifs féministes québécois pour combattre les violences sexuelles. Il analyse précisément les pratiques militantes déployées autour du mot-clic #StopCultudeDuViol dans la foulée de la vague d’agressions dans une résidence de l’Université Laval et de l’affaire Paquet-Sklavounos survenues en octobre 2016. À partir d’une observation ethnographique menée dans les comptes Facebook et Twitter de sept collectifs, suivie d’entretiens compréhensifs avec les porte-paroles désignées des collectifs retenus, nous montrons que les féministes québécoises se sont pleinement appropriées le langage numérique. Images, vidéos et mots-clics habillent et complètent leurs discours militants, leur permettant efficacement d’informer, de venir en aide, de prendre position et de faire événement. Il se produit une performativité des actions en ligne qui reconfigure les formes du militantisme féministe et conduit à l’activation d’un « espace de la cause des femmes » autour de la culture du viol.