Abrégé
IntroductionLa fatigue est un des effets secondaires les plus prĂ©valents et pĂ©nibles du cancer. C'est le seul symptĂŽme qui soit signalĂ© par la majoritĂ© des patients atteints de cancer dans l'ensemble des groupes de diagnostic (Curt, 2001). Elle menace la qualitĂ© de vie et restreint diverses activitĂ©s quotidiennes (Ahlberg, Ekman, Gaston-Johansson et Mack, 2003). Souvent profonde, elle peut avoir une incidence sur les relations et sur la fidĂ©litĂ© au traitement mĂ©dical. Au vu de la masse croissante de donnĂ©es probantes Ă l'appui des interventions facilitant l'adaptation Ă la fatigue, les centres de cancĂ©rologie sont encouragĂ©s Ă mettre en oeuvre des approches mĂ©thodiques ou programmĂ©es de gestion de la fatigue.Avant d'instituer un programme mĂ©thodique visant Ă aider les patients atteints de cancer Ă gĂ©rer leur fatigue, une recherche a Ă©tĂ© entreprise en vue de dĂ©terminer ce que les patients faisaient de leur propre initiative pour composer avec ce symptĂŽme. Cette recherche avait pour but d'Ă©tablir une image de rĂ©fĂ©rence prĂ©alable Ă la mise en oeuvre du programme d'enseignement aux patients et d'obtenir des idĂ©es qui pourraient ĂȘtre intĂ©grĂ©es dans le programme. On projetait de dĂ©gager les stratĂ©gies que les patients avaient trouvĂ©es utiles dans leur adaptation Ă la fatigue et de les partager avec les autres patients.
ContexteLa fatigue demeure aussi difficile Ă dĂ©finir et Ă mesurer aujourd'hui qu'elle ne l'Ă©tait en 1921 lorsque Muscio avait dĂ©clarĂ© que « le terme de fatigue devrait ĂȘtre absolument banni des discussions scientifiques et par consĂ©quent que l'idĂ©e d'obtenir un test de la fatigue devait ĂȘtre abandonnĂ©e ». Quoique dans l'usage quotidien la signification du mot fatigue soit intuitivement claire, la fatigue, en tant que phĂ©nomĂšne empirique, a de nombreuses significations diffĂ©rentes. Le terme peut se rapporter Ă l'Ă©tat ressenti aprĂšs une activitĂ© physique, aux problĂšmes de concentration ultĂ©rieurs Ă des efforts mentaux, au manque de motivation, Ă l'effet secondaire de la maladie et de son traitement, et enfin Ă l'Ă©tat Ă©motif caractĂ©risĂ© par la dĂ©sactivation (Frijda, 1986; Smets, Garssen, Schuster-Uitterhoeve et DeHaes, 1993). Il n'y a pas de dĂ©finition universellement acceptĂ©e (Piper, 1993;Tiesinga, Dassen et Halfens, 1996).Il existe, par contre, des dĂ©nominateurs communs au sein des dĂ©finitions actuelles, notamment les notions suivantes : la fatigue est subjective et multidimensionnelle (Aistars, 1987;Irvine, Vincent, Grayson, Bubela et Thompson, 1994;Piper, 1993;Rhodes, Watson et Hanson, 1998; Smets et coll., 1993; Winningham et coll., 1994), elle a diffĂ©rents modes d'expression (Hickok, Morrow, McDonald et Bellg, 1996;Smets, Garssen, Cull et deHaes, 1996)