La relation migration-développement s’est construite sur plusieurs mythes, déconstruits mais réalimentés jusqu’à présent. Mis à l’agenda global dans le milieu des années 2000, ce nexus s’est banalisé, masquant les chemins rugueux empruntés par les acteurs incarnant cette interrelation, pour faire advenir leur légitimité dans le champ du développement. À travers une lecture diachronique, cet article revisite cette relation au prisme des espaces locaux, les villages de départ, dans la région Kayes au Mali. Puisant sa matière dans une longue temporalité, il interroge les formes évolutives de cette relation et les dynamiques de politisation et de dépolitisation aux échelles locale et nationale. Les pratiques originales des associations de développement des migrants ont façonné des territoires particuliers, leur conférant une reconnaissance a posteriori. Après avoir revendiqué un engagement apolitique, elles sont devenues des contre-pouvoirs. Ainsi les résultats proposés éclairent la complexité et les remous politiques de la relation migration-développement, bien éloignés du tableau lisse, mis en avant par les institutions dominantes.