Dans son essai Calibán (1974), Roberto Femández Retamar décrit !e révolu-tionnaire cubain comme étant l'enfant spirituel du Mambí, appelé également Cimarrón. Le témoignage de l'un de ces anciens esclaves rebelles à l'ordre colonial constitue la Biografía de un cimarrón (Miguel Barnet, 1964). La Biografía se veut la «voix» du Mambí, mais elle ne parvient pas entierement à l'ériger en énonciateur légitime du discours « calibanesque » (identitaire-revendicatif). On se gardera toutefois de conclure à la faillite pure et simple du projet de Barnet. En fait, la Biografía ne se bome pas à être une nouvelle occurrence du schéma hégémonique en vigueur; loin de !à, cet ouvrage réussit à mettre en scene !e dialogisme de l'époque dans toute sa complexité. C'est ainsi que la « voix » ou, plutôt, les « rumeurs » du groupe subalteme, même conditionnées par les systemes d' exclusion en vigueur commencent, peut -être, à être entendues.Abstract. Roberto Femández Retamar described the Cuban Revolutionary as the spiritual heir of the Mambí, also known as Cimarrón (Calibán, 1974). Biografía de un Cimarrón (Miguel Barnet, 1964) constitutes a testimony of a forrner slave in revolt against colonial order. Although this Biografía wants to beco me the Mambí's "voice," it partially fails to set him up as legitimate speaker of the "calibanesque" discourse (discourse of identity and resistance). Nevertheless we cannot declare Barnet's projecta failure. The Biografía is not actually another occurrence of the prevailing hegemonic schema; on the contrary, this work succeeds in illustrating that period's complex dialogism. That is why the "voice" of subaltem group, or rather its "rumours," begin already to be heard, even if they are conditioned by discursive systems of exclusion.Un spectre hante l'environnement socioculturel occidental à partirdes années quarante et plus particulierement depuis les années soixante : 1' essor de di verses identités sociales fondées plus ou moins explicite-