Le cancer gastrique reste un problème de santé publique dans le monde, notamment au Japon, en Chine et en Amérique du Sud. Il touche de 10 à 70 habitants/100 000 par an selon les pays. En France, son incidence est de 10 à 15/100 000 [1]. Sur le plan histologique, on distingue les cancers superficiels des cancers invasifs, ces derniers pouvant être des adénocarci-nomes de type intestinal bien différenciés ou de type diffus indifférencié. Le cancer gastrique est une affection multifactorielle. Helicobacter pylori (H. pylori) occupe la première place parmi les paramètres étiopa-thogéniques. L'infection à H. pylori provoque une gastrite qui, après plusieurs années d'évolution chronique, peut aboutir dans certains cas au cancer.
HistoriqueLe frère de Napoléon Bonaparte, ses deux soeurs, son père et probablement sa tante paternelle, sont tous décédés d'un cancer gastrique. Après le décès de l'empereur en exil, le communiqué officiel faisait état d'une perforation sur tumeur maligne gastrique. Malgré la rumeur publique évoquant un empoisonnement, le communiqué officiel avait beaucoup de chance de convaincre tant l'arbre généalogique des Bonaparte pouvait suggérer une forme familiale de cette maladie. Cette anecdote résume les concepts étiopathogéniques dans le domaine du cancer gastrique puisque cet arbre généalogique fut ensuite cité pendant longtemps comme preuve d'une prédispo-sition génétique à ce cancer. Au XIX e siècle, le cancer gastrique constituait à lui seul 40 % des cancers chez l'homme [2]. Dans la première moitié du XX e siècle, l'incidence de ce cancer était élevée [3]. En 1927, la théorie « héréditaire », d'abord fortement soutenue, fut reléguée au second plan avec la description, pour la première fois, d'une gastrite chronique pouvant correspondre à un état de prédisposition au cancer gastrique [3]. La baisse de l'incidence du cancer gastrique dans les pays industrialisés (exception faite du Japon), durant la deuxième moitié du XX e siècle, correspond à une amé-lioration du niveau de vie et de l'hygiène. La décou-verte de H. pylori au début des années 1980 fait tomber le dogme du cancer héréditaire en donnant > Le cancer gastrique est observé partout dans le monde. Sa fréquence est particulièrement élevée au Japon et en Amérique du Sud. Son incidence n'a cessé de décroître en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et, actuellement, ce cancer n'est responsable que d'environ 10% des décès. L'infection par Helicobacter pylori, la spé-cificité génétique et le régime alimentaire de l'hôte sont les principaux facteurs impliqués dans ce cancer. Éradiquer Helicobacter pylori chez les apparentés au premier degré d'un sujet atteint de cancer gastrique et chez tout sujet ayant une gastrite atrophiante et un autre cancer digestif paraît une mesure préventive sage. < Service d'hépato-gastroentérologie, Hôpital Henri