> Pourquoi possédons-nous deux bras de la même longueur ? Cette question simple renvoie à l'un des domaines de la biologie du développement qui tente de comprendre comment la croissance de chaque organe est coordonnée pour former un individu adulte bien proportionné. Des travaux effectués chez la drosophile démontrent que Dilp8, une hormone de la famille des insulines/ relaxines, et son récepteur Lgr3 jouent un rôle crucial dans la coordination de la croissance inter-organes et sont requis pour la stabilité développementale. Plus récemment, nous avons démontré que la voie Hippo, par le biais de son effecteur transcriptionnel Yki (homologue des facteurs YAP/TAZ chez les mammifères), contrôle les niveaux transcriptionnels de dilp8. Ce contrôle de dilp8 par Yki constitue un pas en avant dans notre compréhension du lien entre la croissance autonome des tissus et la coordination interorganes. < nisme. La taille finale d'un organisme est intimement liée à la taille des organes qui le composent. Au cours du développement, chaque organe croît en fonction d'un programme intrinsèque mais s'adapte également aux autres organes/tissus et à l'environnement via des mécanismes extrinsèques. De par la richesse de ses outils génétiques, la drosophile est un modèle de choix pour l'étude des mécanismes de contrôle de la croissance [1-4] (➜). Cet insecte présente une période de croissance restreinte aux stades larvaires, tandis que l'adulte ne croît plus. La signalisation insuline/IGF (insulin-like growth factor) contrôle la croissance et le métabolisme des deux types tissulaires qui constituent la larve : les tissus mitotiques, ou disques imaginaux 1 , dont les cellules croissent en se divisant, et les tissus endoréplicatifs dont les cellules grossissent sans se diviser. Pendant la métamorphose, la plupart des tissus endoréplicatifs sont histolysés au profit des tissus imaginaux qui se réorga-nisent pour former les structures de l'adulte. La croissance des tissus imaginaux constitue un excellent modèle pour la croissance tissulaire en général. La plupart des gènes contrôlant la croissance de ces tissus présentent des homologues chez les mammifères, dont beaucoup sont définis comme des oncogènes ou des gènes suppresseurs de tumeur [5]. Un acteur clé de la croissance est la signalisation insuline/IGF, qui est fortement conservée entre vertébrés et insectes. Chez la drosophile, les Dilp 1-7 (drosophila insulin-like peptides) portent à la fois les fonctions métaboliques de l'insuline et les fonctions de croissance des 1 Chez la drosophile, les disques imaginaux d'aile sont des structures épithéliales spécialisées d'origine ectodermique qui se forment à partir d'un primordium de 10 à 50 cellules chez l'embryon. Les cellules du disque prolifèrent pendant le développement larvaire pour atteindre un nombre de 30 000 à 50 000 cellules à la transition larvaire-pupale. Lors de la métamorphose, les disques sont remodelés pour former les appendices de l'adulte.Institut de Biologie de Valrose (iBV), CNRS UMR7277 -Inserm U1091, Université Nice So...