En 2012, le VIH/sida a eu trente ans et l'infection continue de toucher deux fois plus de femmes que d'hommes (ONUSIDA, 2010). En décembre de cette même année, les pilules contraceptives de troisième et quatrième générations sont mises en cause car leur prise double le risque de thrombose. Dans ce contexte, il m'a semblé intéressant de chercher à déterminer la mesure dans laquelle hommes et femmes étaient égaux en termes de protection de leur santé sexuelle et reproductive. En effet, les outils de protection de cet aspect de la santé, leur développement voire leur existence même révèlent la manière dont sont pensées et catégorisées la procréation et la sexualité. Je me suis donc penchée sur l'existence, les états de la diffusion et distribution, les usages (potentiels) de deux outils de protections, de ce que les instances internationales appellent de manière générique, la santé de la reproduction 1 : le préservatif féminin et la pilule masculine. Deux raisons m'ont amené à opérer une comparaison de ces deux objets. La première tient d'abord et très prosaïquement à leurs noms et aux transferts dont ils ont fait l'objet. En effet, le préservatif est dans l'imaginaire collectif, en France comme ailleurs, d'abord masculin, ce sont les hommes qui les portent et cet objet est aujourd'hui très largement diffusé. Le préservatif féminin est sémantiquement né après le préservatif masculin, et dans le vocable commun, l'ajout de l'adjectif « féminin » est une nécessité pour spécifier qu'il est porté par les femmes. Métaphoriquement, il semble donc avoir été « féminisé ». La pilule, quant à elle, est un outil de prévention des grossesses non désirées d'abord et avant tout destinée, là encore en France et plus généralement à l'échelle mondiale, aux femmes. Comme le terme « préservatif », le mot « pilule » se suffit presque à lui-même, il est employé de manière métonymique devenant presque un symbole. Et il va de soi que seules les femmes la prennent. La majorité de la population française sait qu'il s'agit d'hormones de synthèse qui empêchent l'ovulation. A l'instar du préservatif, il faut ajouter l'adjectif « masculine » Remarques sur le préservatif féminin et la pilule masculine Bulletin Amades, 87 | 2013