A Beyrouth, les bars et les boîtes de nuits accueillant des publics homosexuels se multiplient et font partie du paysage nocturne, au point de devenir un argument touristique pour la ville. Les relations avec une personne de même sexe sont pourtant punies par la loi et fortement réprouvées par la société libanaise. A travers l’étude des lieux d’expression, de sociabilité ou de rencontre des homosexuels à Beyrouth, l’article interroge la constitution d’une identité gay libanaise et la formation d’un public homosexuel au sein de l’espace public urbain. Pour cela, le travail sur les espaces festifs et les lieux de drague homosexuels tente de penser les hybridations entre des pratiques et des normes locales et des logiques globales de circulation des identités sexuelles. En raison de la place assignée aux lieux de l’homosexualité à Beyrouth, entre accessibilité, dissimulation et enfermement, l’étude questionne également le rapport des homosexuels à l’espace et à leurs espaces, en termes de visibilité et d’invisibilité du stigmate.