L'adaptation en traductologie a longtemps eu mauvaise presse. Considérée à l' origine comme la « limite extrême de la traduction » (Vinay et Darbelnet, 1958 ; Vázquez-Ayora, 1977, notamment), une opération distincte de la traduction, voire une « trahison » ou même un « manque de respect » (Bensoussan, 1988), l'adaptation a vu resurgir cette image négative chaque fois que des questions d' équivalence, de fidélité et de primauté du texte source sont invoquées. Et ce, en dépit des appels de nombreux auteurs à la considérer comme partie intégrante de l'opération de traduction (Hurtado, 1990 ;Bastin, 1990 ; Gambier 1992, notamment) et de la revendication d'autres à y voir un domaine d'étude de plein droit (Hutcheon, 2006 ;Raw, 2012 ;Cattrysse, 2014 ; mais aussi Doorslaer et Raw, 2016). Il est donc permis de se poser deux questions essentielles : a) L'adaptation fait-elle ou non partie de l'opération de traduction ? b) L'adaptation comme domaine d' étude comprend-elle ou non l'adaptation-traduction ? a) Personne ne niera aujourd'hui l' omniprésence de la démarche adaptative en traduction professionnelle, qu' elle soit publicitaire ou audiovisuelle ou qu' elle soit localisation de logiciels, de jeux vidéo ou de téléphonie. Faut-il y voir un procédé ou une vision de la traduction ? Le domaine littéraire, romanesque, poétique ou théâtral, n' échappe pas non plus à des modes d'adaptation. Faut-il y voir une négation de l'Autre ou un impératif de notre temps ? L'adaptation est-elle par essence ethnocentrique ? Où se situe la limite entre adaptation et appro priation ? 10 TTR XXXIII 1