RésuméEn France, la population des usagers de drogues est majoritairement masculine. Parmi ceux-ci, les profils et les pratiques des femmes sont mal connus. Entre 2004Entre et 2007enquête Anrs-Coquelicot, alliant épi-démiologie et socio-anthropologie, a permis de décrire les profils des usagers de drogues et d'analyser les situations à risque vis-à-vis du VIH et du VHC, en prenant en compte la problématique du genre. Les entretiens montrent que les femmes ont fréquemment connu des évé-nements marquants durant l'enfance et l'adolescence (violences). C'est généralement dans ce contexte qu'elles s'initient aux drogues par le biais de rencontres amoureuses. Elles adoptent globalement plus de comportements à risque que les hommes et ont davantage recours à la prostitution. Ainsi, ces femmes ont des trajectoires encore plus chaotiques que celles des hommes. Elles sont confrontées à une double fragilité vis-à-vis du VIH et du VHC liée au contexte de leur consommation de drogues et de leur sexualité.
Matériel et méthodesEn France, les données disponibles sur les usagers de drogues portent sur une population constituée majoritairement d'hommes, et ne comprend généralement qu'un quart de femmes. Cette répartition entre hommes et femmes est issue d'études portant sur la population spécifique des usagers de drogues ayant recours à une prise en charge pour leur problème d'addiction, soit dans les dispositifs spécialisés, soit chez les médecins généralistes. Ces études ne prennent donc pas en compte les populations d'usagers de drogues peu visibles, c'est-à-dire ne fréquentant pas les dispositifs pour lesquels nous ne disposons pas de la répartition hommes/femmes. Ainsi, en France, la population des usagères de drogues est mal connue car la plupart des recherches effectuées dans ce champ ne prennent pas en compte la question du genre. Quand les femmes sont étudiées, c'est à travers leur identité de mère et des risques liés à la prise de toxiques durant la grossesse [1]. Les articles qui s'intéressent
Épidémiologie et socio-anthropologie, deux approches qui se complètentDans cet article, les principaux résultats sont issus de l'approche épidémiologique (quantitative) de l'enquête Anrs-Coquelicot, mais quelques résultats de l'étude socio-anthropologique (qualitative) sont également présentés. La partie qualitative de l'enquête n'est pas ici analysée de manière autonome, mais vient en complément de l'approche épi-démiologique, afin d'illustrer par des trajectoires biographiques certains éléments mis en évidence ou afin de préciser certains éléments spécifiques aux parcours des femmes que la partie quantitative n'a pas explorés. Ainsi, les entretiens ont donné la possibilité de prendre en compte la temporalité inhérente aux trajectoires, d'appréhender le contexte dans lequel s'inscrivaient
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