Les récentes assemblées constituantes qui ont eu lieu en Bolivie (2006-2009) et en Équateur (2007-2008) ont marqué un tournant dans la manière de penser la gouvernance environnementale. En faisant entrer les communautés indigènes ainsi que leurs savoirs et cosmologies respectifs dans l’espace politique, ces assemblées constituantes ont ouvert la voie à une reconfiguration du droit où les entités de la nature (forêts, rivières, montagnes, animaux, micro-organismes...) ou issues des cosmologies indigènes ( Pachamama ) deviennent des sujets (de droit ou politiques). Se pose alors immédiatement la question de savoir comment rendre opérationnelle cette nouvelle architecture constitutionnelle. Comment rendre compatibles des visions du monde autochtones avec un cadre politique et juridique moderne ? Qui sont alors les porte-parole et les représentants de la nature ? Comment les savoirs autochtones, écologistes et scientifiques, en tant que médiateurs de la nature, vont-ils pouvoir cohabiter ? Quelles conséquences sur les politiques de développement peut-on attendre ? Nous tenterons de répondre à ces différentes questions à partir d’un terrain ethnographique réalisé sur plusieurs périodes entre 2006 et 2014 en Bolivie et en Équateur.