Comment expliquer que la multiplication d’organes de contrôle au Mali accompagne, plus qu’elle ne contrarie, la montée globale des malversations et de la mauvaise gestion ? Nous montrons que la perte de contrôle de l’État sur les comptes publics renvoie moins à un fonctionnement spécifique des sociétés africaines qu’à une rationalisation des organes spécialisés à la fois ponctuelle et impulsée de l’extérieur. Loin de construire un État plus efficace, l’action des organisations internationales depuis plusieurs décennies produit incohérence et fragmentation en installant différents niveaux de ressources et de normes au sein de l’administration. Elle a ainsi eu pour effet paradoxal de participer à l’inefficacité des inspections et à l’affaiblissement des structures étatiques.