Le présent article a pour objet de contribuer aux réflexions qui animent la géographie carcérale concernant la diffusion du carcéral hors des institutions d’enfermement proprement dites. Les géographes appréhendent généralement cette diffusion sous l’angle de l’homologie entre la prison et des espaces qui, comme elle, se caractérisent par l’existence d’une clôture matérielle. Nous montrons ici que cette diffusion doit aussi être pensée sous l’angle de la circulation de discours et de représentations propres à l’institution carcérale. Ainsi, en reprenant le matériau empirique issu d’une recherche menée en France sur une alternative à l’incarcération, le placement sous surveillance électronique (PSE), nous montrons que l’expérience des personnes placées reste profondément marquée par le référent carcéral, alors même que le cadre spatial dans lequel elles exécutent leur mesure est très différent de celui de la prison. Les entretiens que nous avons réalisés avec ces personnes placées nous amènent à conclure que la dimension carcérale de l’expérience du PSE tient tout particulièrement aux discours qui sont adressés aux personnes placées et aux actes procéduraux qu’elles doivent accomplir tout au long de la mesure.