Dans la perspective des travaux géographiques et sociologiques qui analysent les relations entre l’intérieur et l’extérieur de la prison et interrogent l’application du concept d'« institution totale » (Goffman, 1968 [1961]) au contexte carcéral, on souhaite montrer que la vie sociale en détention n’est pas seulement façonnée par les contraintes internes à l’institution, mais qu’il existe une continuité des réseaux relationnels et des rapports sociaux par-delà le mur. Cette analyse repose sur une enquête ethnographique réalisée à la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine, en banlieue parisienne. Il s’agit dans un premier temps de montrer l’existence d’un continuum social entre la prison et les zones urbaines d’où est originaire une majorité de détenus. Celui-ci transparaît dans les rapports sociaux en détention, qui correspondent à une version carcéralisée de la « culture de rue », et dans la continuité des réseaux relationnels d’interconnaissance en prison et à l’extérieur. On s’intéresse dans un second temps à la territorialisation de ce continuum social à différentes échelles (répartition en cellule, cohabitation en cours de promenade, mobilité interne des détenus, rapports à l’extérieur) et à sa participation au processus de « détotalisation » de l’institution carcérale.
<p class="resume">Le constat selon lequel « les lieux d’enfermement sont étroitement liés à des circuits et des flux de mobilité [et] n’en seraient pas l’antithèse, mais le complément indissociable » (Michalon, 2008, p. 12), s’applique aux établissements pénitentiaires sous deux angles, selon que l’on prend en considération l’expérience des détenus ou celle de leur entourage, le point de vue de leur mobilité quotidienne ou celui de leur mobilité résidentielle. </p>
S’inscrivant dans le courant des approches spatiales du champ pénal, cet article a pour enjeu de contribuer à la compréhension des spatialités de l’exécution des mesures pénales en milieu ouvert et du rôle du système pénal dans la régulation des usages de l’espace. Ce faisant, il se focalise sur les mesures d’interdiction de paraître en des lieux spécifiquement désignés prononcées dans le cadre de contrôle judiciaire, de peines ou d’aménagements de peine. Après avoir dressé le sens de l’arsenal législatif promouvant ces mesures ainsi qu’un bilan de leur application actuelle, sont analysées les rationalités pénales qui sous-tendent leur prononcé à partir des points de vue de magistrats recueillis par entretiens.
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