Résumé Les troubles du sommeil de l’enfant constituent un des principaux motifs de consultation de pédiatrie et pédopsychiatrie. Par leur fréquence et leur retentissement sur la vie familiale, ils se trouvent au centre de la clinique fonctionnelle de la petite enfance. Les caractéristiques du sommeil évoluent très rapidement lors des premiers mois de la vie. La connaissance de cette ontogenèse du sommeil est indispensable pour identifier les perturbations « authentiques » du sommeil, et les différencier des caractéristiques normales d’un sommeil en pleine maturation. Le sommeil du bébé ne se résume pas à un développement neurophysiologique. Il est en étroite relation avec les soins maternels qui l’imprègnent de sa charge affective. La pathologie du sommeil s’organise dans la sphère des interactions précoces entre le bébé, la mère et le père. Après une analyse sémiologique précise du symptôme, l’évaluation psychopathologique nécessite une exploration fine des interactions entre le bébé et les parents. Depuis plusieurs années, certains auteurs rapportent des perturbations du sommeil d’une sévérité accrue et survenant chez des enfants de plus en plus jeunes. Les hypothèses étiopathogéniques de ce trouble sont multiples. Les perturbations d’ordre relationnel et conflictuel, qu’il reflète, sont d’une extrême diversité, des plus communes aux plus sévères. Le pronostic de ces troubles est dominé par le passage à la chronicité (persistance ou récurrence). Le retentissement à long terme d’un sommeil précoce insuffisant sur les domaines cognitif, comportemental et émotionnel, est de plus en plus exploré. La prise en charge des troubles du sommeil du bébé et du jeune enfant est diversifiée. Selon les cas et selon les auteurs, il peut s’agir d’une psychothérapie psychodynamique mère-bébé ou parent-bébé, d’une psychothérapie comportementale avec guidance interactive, d’une thérapie familiale, associées, dans des cas plus exceptionnels, à un traitement pharmacologique.