La présente note de synthèse a été commanditée dans le cadre du programme Cognitique (sous-programme Ecole et Sciences Cognitives). Il s'agissait de faire un état de l'art des travaux nationaux et internationaux qui prennent pour objet " les stratégies de l'enseignant en situation d'interaction ".
Délimitation du champ d'investigationLe premier travail a consisté à délimiter le champ de l'investigation, en commençant par définir les termes de la commande, en particulier les termes " stratégie " et " interaction ". Le terme " stratégie " peut être entendu dans le sens strict d'une personne qui réalise consciemment une action en vue d'une fin précise explicitement posée. Maintenir une telle définition aurait toutefois conduit à exclure du champ de la synthèse un très grand nombre de travaux qui, pourtant, prennent bien pour objet l'enseignant en situation d'interaction. En fait, une telle définition nous aurait restreints d'emblée à une philosophie intentionnaliste, voire rationaliste de l'action, excluant de fait toute autre philosophie de l'action (en particulier une philosophie dispositionnaliste de l'action), où les " stratégies " ont à voir avec le flou, l'incertain, avec des fins non explicitement posées, où interviennent des schèmes d'action, des routines, voire des automatismes. Bref, cela nous aurait conduits à exclure a priori les travaux où les agents ne sont pas conçus comme des " stratèges ", c'est-à-dire où l'aspect consciemment calculateur, rationnel, est évacué ou très fortement limité. Nous avons donc adopté une définition très large du terme " stratégie " nous permettant d'intégrer dans la synthèse un vaste champ de travaux allant jusqu'à l'étude des comportements des enseignants, même si ces comportements n'étaient pas nécessairement explicitement référés à un fonctionnement cognitif précis. Si le terme " interaction " semble poser a priori moins de problèmes de définitions, il a suffi de faire un rapide panorama de la recherche pour voir apparaître des difficultés quant à savoir si certains travaux entraient ou non dans le champ des interactions. L'interaction se limite-t-elle au format oral ou doit-on intégrer d'autres formats (gestuel, écrit, etc.) ? L'interaction se réalise-t-elle uniquement entre enseignants et élèves ou faut-il considérer d'autres partenaires (parents, collègues, etc.) ? Une interaction se réalise-t-elle uniquement en cas de présence simultanée (en face à face) des différents partenaires ? Ainsi, ne peut-on concevoir les corrections de copies comme une phase d'interaction décalée dans le temps, où l'enseignant adresse un message à l'élève, que ce dernier lira ultérieurement et auquel il pourra réagir d'une manière ou d'une autre ? De même, un enseignant planifiant sa leçon n'est-il pas dans une forme d'interaction anticipée avec ses élèves ? L'interaction doit-elle se limiter à la classe ou intégrer des " espaces " plus vastes tels que l'école ? Face au risque de nous trouver devant un champ beaucoup trop large et beaucoup trop ambitieux, nous avons choisi de nous limiter a...