Cet article décrit et analyse l’expérimentation d’un dispositif filmique ethnographique menée au sein d’une association française regroupant des personnes amputées. Basé sur un travail de collaboration ethnologue/personnes concernées, deux courts-métrages ethnographiques, Ma vie prothésée et Quelques pas de côté, ont été coréalisés à propos des expériences corporelles, prothétiques et du handicap de cinq bénévoles amputés pairs-accompagnants au sein de l’association. Le premier objectif de ces courts-métrages était de porter à l’écran et d’étudier du point de vue de l’anthropologique audiovisuelle la diversité des expériences vécues. Le second était de faire partager sous forme audiovisuelle, dans une démarche associative, ces vécus aux pairs (récemment) amputés. Le dispositif filmique ethnographique s’est également appuyé sur l’utilisation des courts-métrages comme média, support d’échanges et d’analyses, au cours d’entretiens individuels – réalisés après visionnage – avec les bénévoles qui ont participé au projet audiovisuel. L’intérêt de ce procédé proche de l’elicitation interview était de prolonger un pan de l’analyse filmique liée à l’implication des bénévoles et de questionner la diversité des regards et points de vue sur la mise en image et en récit des expériences vécues. Structuré en deux parties, l’article étudie d’abord les points saillants de ces diverses expériences que les coréalisateurs ont choisi de tourner, monter et diffuser dans les courts-métrages. Puis, en lien avec l’usage de l’elicitation interview, un travail analytique et réflexif est mené sur la variété des regards-critiques portés par les bénévoles associatifs sur ces courts métrages et en relation avec la démarche de partage d’expériences entre pairs.
