À partir du cas des Faucheurs Volontaires, un mouvement de lutte contre les OGM créé en 2003 en France, cet article étudie la question du rapport entre le recours à l'action radicale dans les mobilisations collectives et l'affirmation d'une citoyenneté respectueuse du principe démocratique. En croisant sociologie de la mobilisation des ressources et analyse de cadres, il montre que l'articulation entre actions et cadrage de ces actions ne va pas de soi et constitue un processus spécifique. En effet, le cadre de la « désobéissance civique » ne s'impose pas d'emblée dans la lutte contre les OGM. Ce registre est précisément mobilisé devant le risque de criminalisation des fauchages d'OGM et il permet l'articulation du cadre organisationnel de la lutte au cadre cardinal de la justice et du bien commun. De surcroît, pour gagner en légitimité dans la durée, un cadre de « désobéissance » engage toute une série d'épreuves touchant aussi bien à l'organisation du mouvement qu'au jugement de différents publics (médias, arènes judiciaires, opinion publique). Plus qu'un simple enjeu d'organisation interne, la revendication de désobéissance engage une extériorité, et le jugement de tiers. A cette condition, les Faucheurs volontaires conquièrent une puissance d'expression publique susceptible de converger avec d'autres formes de protestation contre les OGM.