Au Canada, l’approche à barrières multiples permet une gestion multidimensionnelle de l’eau à l’aide d’outils et de pratiques permettant d’assurer une eau de qualité, de la source (lac, rivière, etc.) au robinet des citoyens. Une de ces barrières, la protection des sources d’eau potable (PSEP), cherche à anticiper ou à réduire les risques naturels et anthropiques qui pourraient altérer les sources. Cependant, la mise en œuvre de la PSEP impose d’acquérir des connaissances multidisciplinaires portant sur la qualité, la quantité de l’eau et sur les composantes naturelles et socio-économiques du territoire. Dans l’optique de mieux comprendre la mise en œuvre de la PSEP au Québec, cet article vise à dresser un portrait-diagnostic permettant d’identifier le processus décisionnel servant à la mise en œuvre de la PSEP, ses intervenants et les connaissances produites et mobilisées pour la prise de décision. Ce portrait se base sur une enquête en ligne réalisée entre novembre 2018 et mars 2019 à laquelle ont participé 208 intervenants liés à la PSEP au Québec. Les analyses qualitatives et quantitatives ont permis de constater que la mise en œuvre de la PSEP implique une grande diversité d’intervenants, de tâches et de connaissances créées et se caractérise par un fort dynamisme inter-organisationnel. Cependant, on constate que son processus décisionnel perd en inclusivité au fil des étapes de mise en œuvre, que les connaissances sont parfois redondantes et qu’il existe de nombreux enjeux de transfert de connaissances (accès, quantité ou qualité des connaissances) entre les intervenants.