Cet article étudie le rapport entre affectivité et activité dans les interventions en psychologie du travail, en l’occurrence sous les modalités de la clinique de l’activité. L’affect, que nous distinguons des émotions, est défini comme un conflit de l’activité avec elle-même, un rapport de force qui met en balance les attendus et les inattendus de l’activité, dont le devenir ‑ imprédictible ‑ oscille entre deux orientations, plutôt active ou passive. À partir d’un exemple tiré d’une intervention dans l’industrie automobile, nous montrons que l’affectivité est mise au travail dans l’intervention et qu’en se développant, passivité et activité peuvent s’inverser, l’une peut prendre le visage de l’autre. En effet, le cadre clinique dialogique est la source du développement possible de l’affect pour un devenir actif à une condition : quand l’affect fait l’objet d’une reprise dans un autre contexte où sa répétition est non seulement admise, mais sollicitée par l’intervention. Celle-ci peut alors, en alimentant le mouvement des affects, le régénérer en le « rechargeant » de son énergie dialogique pour étendre le pouvoir d’agir.