La pratique de l’anglais gagne du terrain dans les organisations. Nous nous appuierons sur le cas de deux organisations françaises fortement internationalisées, une multinationale et une grande école, pour mettre en lumière les mécanismes de cette anglicisation. Deux mécanismes importants seront identifiés. Le premier est de nature économique : l’évitement des coûts de traduction par les acteurs peut favoriser comme empêcher la pénétration de la langue des partenaires au cœur de l’organisation. Le second a trait aux jeux de pouvoir : la langue étrangère crée des zones d’incertitude dont le contrôle est subordonné à la compétence linguistique. L’acceptation de l’anglicisation dépend d’abord de la perception que les acteurs ont de sa légitimité et, ensuite, de leur maîtrise de l’anglais. Cette vision réaffirme le rôle de l’acteur rationnel dans le changement linguistique.