La pratique de l’anglais gagne du terrain dans les organisations. Nous nous appuierons sur le cas de deux organisations françaises fortement internationalisées, une multinationale et une grande école, pour mettre en lumière les mécanismes de cette anglicisation. Deux mécanismes importants seront identifiés. Le premier est de nature économique : l’évitement des coûts de traduction par les acteurs peut favoriser comme empêcher la pénétration de la langue des partenaires au cœur de l’organisation. Le second a trait aux jeux de pouvoir : la langue étrangère crée des zones d’incertitude dont le contrôle est subordonné à la compétence linguistique. L’acceptation de l’anglicisation dépend d’abord de la perception que les acteurs ont de sa légitimité et, ensuite, de leur maîtrise de l’anglais. Cette vision réaffirme le rôle de l’acteur rationnel dans le changement linguistique.
Electronic reference Jérôme Saulière, « L'entreprise, angle mort de la politique linguistique ? Réflexions sur la loi Toubon », Politiques et management public [En ligne], Vol 30/2 | 2013, mis en ligne le 29 septembre 2015, consulté le 19 avril 2019. ➤ Jérôme Saulière Ingénieur du corps des mines, doctorant en sciences de gestion, Centre de Recherche en Gestion -École Polytechnique / CNRS Bâtiment Ensta -828, boulevard des Maréchaux -91762 Palaiseau Cedex R é s u m éPeut-on réglementer la langue de l'entreprise ? Faut-il le faire ? Cette question, au carrefour de la politique économique et la politique linguistique, est ici abordée à travers le cas de la loi Toubon, qui oblige les entreprises françaises à utiliser le français dans un certain nombre de contextes. Bien que de nombreuses raisons (macroéconomiques, sociales ou linguistiques) puissent être invoquées pour réglementer l'usage des langues dans les entreprises, l'utilité réelle de la loi, trop ambitieuse et trop vague à la fois, nous semble douteuse. Peut-être l'entreprise est-elle condamnée à rester dans « l'angle mort » de la politique linguistique. Partant de ce constat, nous proposons une approche alternative basée sur l'implication des parties prenantes et la reconnaissance de ce que nous proposons d'appeler la « responsabilité sociolinguistique de l'entreprise ». © 2013 IDMP/Lavoisier SAS. Tous droits réservésMots clés : politique linguistique, loi Toubon, responsabilité sociale de l'entreprise (RSE). A b s t r a c tCorporate Language: the Blind Spot of Language Policy? Reflections on the Law Toubon. Can corporate language be regulated? Should it be? This question, at the crossroads of economic and linguistic policy, is here addressed by looking at Law Toubon, which obliges French businesses to use French in a number of contexts. Although the reasons for regulating language use in companies are many, be it from a macro-economic, social or linguistic point of view, the actual usefulness of the law, too ambitious and too vague at the same time, is open to doubt. Perhaps the company is bound to remain a 'blind spot' of language policy. Drawing on this, we suggest an alternative approach 07 L'entreprise, angle mort de la politique linguistique ? Rélexions sur la loi Toubon
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