Résumé Des origines aux années quatre-vingt, la Revue française du Travail-Revue française des Affaires sociales n’aborde que très marginalement les phénomènes de pauvreté qui, malgré la croissance et la hausse du pouvoir d’achat pendant les Trente Glorieuses, continuent de toucher une part importante de la société française. Elle ne s’intéresse notamment pas aux populations mal couvertes par le système de Sécurité sociale mis en place à la Libération autour de la figure du salarié chargé de famille. Par la suite, lorsque le chômage de masse induit une « nouvelle » pauvreté touchant une partie du salariat, la revue aborde les questions de pauvreté, mais de façon sélective : le RMI et ses bénéficiaires vont occuper presque totalement l’espace des débats sur ce thème. Dès la fin des années quatre-vingt, les thèmes de l’insertion puis de l’activation occupent une place privilégiée dans la Revue française des Affaires sociales . Son ouverture à la comparaison internationale renforce, et éclaire, des interrogations sur l’ensemble du système de protection sociale français, aide et action sociale incluses : peut-on continuer à vouloir traiter la pauvreté persistante avec les outils de l’assurance sociale ? se dirige-t-on vers un clivage accru entre un système national de protection des individus en emploi et des chômeurs les plus aptes à retourner rapidement sur le marché du travail et des dispositifs locaux, personnalisés, visant les ménages durablement éloignés de l’emploi ce qui consacrerait un retour à la distinction entre les pauvres valides et invalides ?