Cet article se propose d’investiguer la relation entre culture et religion dans le contexte du monachisme chrétien des origines (à partir du IVème siècle). L’exercice d’analyse a pour but de mieux comprendre les problèmes posés par l’emploi de ces deux concepts en référence à des réalités éloignées dans le temps et dans l’espace, mais aussi de rendre compte de la nature complexe du monachisme lui-même, observable comme phénomène éminemment religieux et pourtant également culturel. On pourrait espérer qu’en focalisant le regard sur leurs extrêmes il soit possible d’augmenter la netteté du contraste entre ces dimensions supposément différentiées de l’humain, de sorte à les rendre plus visibles : en ce sens, afin de mieux déceler la distinction culture / religion dans sa récurrence historique, il est sans doute utile d’analyser l’expérience monastique, qui constitue une réalité de l’antiquité méditerranéenne où la tension religieuse se manifeste avec une perspicuité toute particulière. L’enjeu – et donc l’utilité – d’une telle démarche serait de vérifier si la différentiation entre culture et religion – supposons qu’elle ait un sens aujourd’hui – résiste à une rétrospection de ce type, ou à tout le moins de voir comment elle se conçoit dans un passé relativement lointain et dans un milieu où le religieux est aussi régime de vie prétendument « total » : car, on le sait, plus on remonte en arrière dans le temps, plus la ligne de division entre les deux notions (quelle que soit la définition adoptée) devient floue.