Les sécheresses s’invitent partout, plus fréquemment et intensément. La récurrence de celles-ci contribue à l’urgence climatique. L’une et l’autre sont reconnues. Mais cela enclenche-t-il une anticipation politique et un management public des épisodes de déficit hydrique ? La Belgique possède un système de planification d’urgence et de gestion de crise bien rôdé et régulièrement mis en œuvre pour des incidents inopinés, mais qui semble peu adapté à des risques émergents et progressifs comme les sécheresses. À travers les retours d’expérience de professionnels de la gestion de crise à un échelon local, cette étude offre une image critique de la perception de ce phénomène au sein du management de crise et propose quelques pistes d’amélioration de la gestion des déficits hydriques. L’analyse des entretiens a mis en évidence que : (1) la gouvernance multiniveau dans un régime politique fédéral comportant une répartition complexe des compétences rend difficile une action publique concertée face à un risque aux impacts multiples ; (2) la préoccupation envers les sécheresses est fortement dépendante des conséquences réellement perceptibles sur le territoire étudié ; (3) la sécheresse est perçue davantage comme un événement météorologique ponctuel que comme une urgence climatique synonyme de crise potentielle à planifier. Cette étude révèle néanmoins une prise de conscience accrue des acteurs de terrain quant à la nécessité d’agir face aux sécheresses via une optimisation des administrations publiques, des seuils d’alerte et des plans particuliers d’urgence et d’intervention. Il demeure une difficulté majeure : transformer cette prise de conscience en une mise à l’agenda politique, étape indispensable pour une gestion globale et durable des sécheresses.