Cet article traite de transactions par lesquelles des personnes âgées engagent leur patrimoine en contrepartie de la pourvoyance de soins en viager. Peu considérées par la littérature sur le viager, plutôt centrées sur les ventes avec contrepartie monétaire, ces transactions sont pourtant pratiquées dans différents contextes. À Cuba, les arrangements « legs de patrimoine contre soins en viager », engageant des personnes apparentées ou non, sont courants. À partir d’enquêtes menées depuis 2010, je montre qu’ils répondent à la pauvreté de soins de nombreuses personnes âgées, alors qu’existent peu d’alternatives institutionnelles ou de marché. Ils sont favorisés par le droit successoral, des pratiques de solidarité intergénérationnelle et les lois de protection des occupants édictées par le régime révolutionnaire. Des réformes récentes modifient substantiellement ces équations : le marché immobilier a été restauré, des enfants migrants peuvent désormais revendiquer leurs droits à l’héritage et les offres de soins rémunérés se développent. Pour autant, le patrimoine des personnes âgées joue toujours un rôle central dans la sécurité en fin de vie, ce qui n’élude pas la nécessité de politiques publiques qui partagent plus largement les responsabilités de la prise en charge des personnes en perte d’autonomie par les sphères publique et privée.