La cartographie participative, souvent présentée comme un facteur de démocratisation et d'empowerment des sociétés fait également l'objet de critiques en raison des récupérations et instrumentalisations dont elle est parfois victime. Considérant avec Harley (1995) que la cartographie est avant tout un langage de pouvoir, nous questionnons une série d'expériences de cartographie participative à Madagascar à partir d'une méthodologie empruntée à la fois à l'évaluation de la participation citoyenne et à l'analyse des usages de la cartographie. Les exemples malgaches montrent que dans un contexte de forte dépendance technique, financière et politique, le déploiement de ce type d'approche pose avec acuité la question éthique et nécessite une réflexion sur la portée sociale des cartes présentées comme participatives. Les temporalités et le niveau d'institutionnalisation de la démarche participative, le degré d'interaction entre les acteurs et la carte permettant ou non une production de représentations cartographiques alternatives sont autant de facteurs susceptibles de conduire la démarche vers de nouvelles formes de pouvoirs partagés ou au contraire de renforcer l'ingérence extérieure et les inégalités.