Cet article analyse les différents paradoxes associés aux usages académiciens et sceptiques des concepts de saisie [ katalepsis ], d’insaisissabilité [ akatalèpsia ] et d’absence de saisie lors d’une représentation [ akatalèptos ]. Il s’agit de montrer, que les philosophies déniant aux dogmatiques leur prétention à saisir fermement quelque chose de certain ne se contredisent pas nécessairement en prétendant saisir l’insaisissable ou en universalisant l’insaisissabilité. Évitant les paradoxes infamants auxquels leurs adversaires cherchent à les réduire (que nous nommerons « paradoxe du dogme dissoluble » ou « paradoxe des indiscernables distincts »), les académiciens et les sceptiques exposèrent leur pessimisme gnoséologique à travers des stratégies argumentatives qui assument parfois une tournure paradoxale, mais non contradictoire, parce qu’elle est la mieux adaptée à notre état d’« ignare ignorance », ignorance absolue qui s’ignore elle-même en tant que telle.