Une des spécificités des « éducations à » est de mêler de manière inextricable les savoirs à des valeurs importées de la sphère socio-politique. Ce qui pose le problème éthique de leur justification : comment éviter de faire de l'éducation une entreprise de normalisation, sans tomber pour autant dans un relativisme qui assimile les savoirs à des opinions ? Cet article présente les principes directeurs d'une problématisation qui soit spécifique aux « éducations à ». Ils procèdent de l'analyse, conduite par Canguilhem, des rapports entre savoirs et valeurs en histoire des sciences. Expliquant que les valeurs, pour faire sens, doivent être replacées dans leur opposition logique à des antivaleurs, Canguilhem esquisse une procédure de justification des contenus d'enseignements qui échappe aussi bien à l'absolutisme qu'au relativisme. L'éducation au patrimoine, classiquement en tension entre ces deux écueils, illustrera notre propos théorique. ABSTRACT. One of the specificities of the educations for is to inextricably combine knowledge with values imported from the socio-political sphere. This poses the ethical problem of their justification: how to avoid making education a standardization enterprise without falling into a relativism which equates knowledge with opinions? This chapter presents the guiding principles of a problematization that is specific to "education for". They proceed from the analysis, led by Canguilhem, of the relationships between knowledge and values in the history of science. Explaining that values, in order to make sense, must be replaced in their logical opposition to anti-values, Canguilhem outlines a procedure for justifying teaching content that escapes both absolutism and relativism. Heritage education, classically in tension between these two pitfalls, will illustrate our theoretical point.