À partir des années 1950, à l’instar du modèle agricole, le système d’abattage des animaux d’élevage s’est progressivement industrialisé, dans un processus de privatisation, de concentration et d’une rationalisation productiviste du travail. En marge de cette dynamique, de petits abattoirs de proximité ont été repris par des collectifs d’éleveurs afin d’en assurer le maintien, la gestion et la mise en service. Ces expériences méconnues sont source d’inspiration et d’essaimage aujourd’hui, au regard de l’aspiration des réseaux paysans et des consommateurs, à développer des alternatives à l’abattage industriel ainsi qu’une alimentation de proximité. À partir d’une recherche ethnologique dans un abattoir paysan des Hautes-Alpes, cet article montre comment le commun qui s’y déploie recadre par le bas le référentiel industriel de l’abattage, en modifiant les finalités et les normes de ce système dominant.