Etant donné les spécificités locales de la viti-viniculture française, en partie liées aux conditions climatiques, le changement climatique est un défi majeur que les acteurs de cette filière doivent relever régionalement. Pour explorer les stratégies d’adaptation à cette échelle, l’article combine deux approches : i) une description et simulation climatique régionalisée et ii) une prospective participative avec les acteurs de ces vignobles. L’étude climatique décrit les évolutions, entre le passé récent, la période actuelle et le milieu du XXIe siècle, de cinq indicateurs climatiques (Indice de Huglin, nombre de jours où la température maximale est supérieure à 35°C, cumuls des précipitations d’avril à septembre et d’avril à juillet, nombre de jours de précipitations supérieures à 1 mm entre avril à juillet), régionalisés à l’échelle 8 x 8 km dans neuf régions viticoles, à partir de 22 modèles GCM issus de l’exercice CMIP5. Dans ce contexte, les réactions de 500 acteurs sont présentées face à quatre scénarios d’adaptation de la filière d’ici 2050 (conservateur, innovant, nomade, libéral). Leurs perceptions et positionnements stratégiques ainsi que leurs propositions d’action ont été recueillis lors de forums participatifs organisés dans sept régions viticoles englobant les neuf espaces climatiques. Les évolutions climatiques sont marquées par une augmentation des températures et du nombre de jours très chauds, plus intense dans le quart nord-est sur la période historique, et dans le quart sud-est, y compris le Beaujolais, d’ici 2046-2065. L’analyse du positionnement des acteurs révèle la volonté de conserver le modèle socio-économique actuel, avec des spécificités régionales liées en partie à l’intensité des évolutions climatiques. Dans les sept régions, les acteurs sont majoritairement en faveur de l’intégration encadrée d’innovations, tout en étant conscients des risques économiques et de perte de références. Les propositions d’actions présentent des orientations communes, notamment sur l’enjeu de développer la R&D, et des spécificités associées aux évolutions climatiques, mais aussi à la structure du vignoble et à la gouvernance de sa filière.