Depuis le tournant des années 1990, des tribunaux d’un nouveau genre proposent des alternatives à l’incarcération en préconisant des mesures d’encadrement dites dans la communauté pour des justiciables identifiés comme étant aux prises avec diverses « problématiques », telles que l’itinérance, la toxicomanie ou des troubles de santé mentale. Cet article repose sur une étude de cas du processus de conceptualisation et de mise en œuvre d’un de ces tribunaux à la Ville de Québec. Au croisement d’une sociologie politique de la justice et d’une sociologie narrative, il reconstitue la « demande » pour ce dispositif et les justifications institutionnelles qui accompagnent son développement. Ensemble, ces récits fondateurs sont révélateurs d’un remodelage du contrôle social au nom de ce que j’appelle une saine gestion de l’indiscipline urbaine, où les besoins thérapeutiques des personnes judiciarisées sont assimilés aux intérêts managériaux et sécuritaires des autorités municipales.