Dans cette contribution, nous nous intéressons au lien qu’entretiennent la liaison et l’écrit, que ce soit au niveau de l’acquisition ou dans les productions de locuteurs analphabètes, en relevant au passage quelques graphies non conventionnelles. Nous étudions notamment un corpus ethnomusicologique de 498 chansons (18h23min, 89 853 mots, 5 787 contextes de liaison), le fonds Jean Dumas, recueilli en France dans les années 60. Ce corpus est remarquablement liaisonnant pour des chants transmis oralement et interprétés par des locuteurs pas ou peu lettrés et, en l’absence de pressions normatives de l’écrit, on y observe également un grand nombre de pataquès. Pour autant, les chanteurs semblent percevoir certaines subtilités linguistiques que la maîtrise de l’écrit aide normalement à saisir, comme le fait que les liaisons en [t] apparaissent après des verbes conjugués à la troisième personne.