Ces jeunes, qui n'hésitent pas à envisager des scénarios d'avenir dans lesquels l'Afrique subsaharienne tiendrait un rôle structurant, sont loin pour autant de constituer une communauté homogène et figée. Si les uns ont été recrutés à partir de l'Europe en tant que stagiaires ou volontaires par des organisations internationales ou non gouvernementales, par des services d'action culturelle et de coopération des ambassades, dans des centres de recherche français ou des entreprises privées, d'autres ont profité de l'expatriation, ou du départ moins préparé de leur conjoint ou d'un parent, pour développer de nouvelles activités professionnelles. D'autres encore, ayant découvert le continent africain une première fois en tant que touristes, y sont retournés sans filet, avec l'intention de s'y installer. Rares en revanche sont celles et ceux à être partis à l'aventure, sans contact préalable aucun. Si les circulations des premiers, bénéficiant d'un dispositif encadré et sécurisant, peuvent être assimilées à des expériences d'expatriation, les mouvements des seconds relèvent de migrations plus ordinaires, bien que leur nationalité européenne les dispense de visa ou, à défaut, les autorise à circuler en toute légalité sur le continent africain 2 . Il s'agira d'éclairer leurs profils hétéroclites à partir d'un travail ethnographique mené, entre 2015 et 2018, dans deux capitales ouest-africaines, Dakar et Ouagadougou. Les côtes sénégalaises attirent nombre de touristes internationaux et Dakar, en bord de mer, accueille une grande partie des bureaux régionaux des organisations internationales. Jusqu'à encore récemment, le Burkina Faso, pays sahélien enclavé à faibles revenus, et sa capitale étaient considérés comme une terre d'accueil des ONG (Piveteau, 2004). « Espace Jeunes Européens à Dakar et Ouagadougou. De nouvelles aventures migratoires ? EchoGéo, 59 | 2022