Cet article s’intéresse au rôle des grandes confédérations syndicales dans l’élaboration des politiques publiques d’égalité professionnelle entre femmes et hommes : il vise à montrer comment, à partir du cadrage statistique et des outils proposés par l’État, se crée un espace de mobilisation autour de la mesure statistique. Bien loin de rester passives face à ces enjeux d’apparence techniques, les organisations syndicales développent au contraire une réflexivité forte, assise sur la mobilisation de compétences d’experts issues des sciences sociales, et soulèvent les enjeux politiques liés à l’usage des mesures d’égalité (formules, indicateurs, outils), même si le résultat effectif est limité par des rapports de force largement défavorables. Trois moments de controverse sont décrits, qui touchent aussi bien à la défense du cadre statistique qu’à son élaboration. L’article propose la notion de statactivisme institutionnel, dans la mesure où le cadrage statistique de l’égalité professionnelle et les arènes de discussion des pratiques de quantification sont le produit du droit et de l’État.