Dans cet article, nous abordons le phénomène de la radicalisation à partir de la problématique de la haine en tant que moteur de ce processus. La méthodologie de la recherche est clinique et se déploie au moyen d’entretiens avec des personnes incarcérées pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. À travers l’étude, l’analyse et la discussion du cas clinique d’Yavan, nous interrogeons la notion de la haine en nous concentrant surtout sur sa conception psychanalytique. Ainsi, il nous apparaît que si la haine est constitutive du sujet et de la société, elle réside, dans le processus de radicalisation, en-deçà de toute ambivalence, dans une désintrication pulsionnelle. Par une sorte de pacte avec un idéal féroce, la haine devient « sacrée », amenant à un acte – qui n’est qu’un leurre – existentiel et identitaire.